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SOCIETE HISTORIQUE DU VIe ARRONDISSEMENT

AccueilGazetteLa Gazette - N° 05 - 2014- 4e trim

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La Gazette - N° 23 - 2020- 2e trim

Le billet du trimestre

Épidémies

Les progrès continus de la médecine et de la biologie ont pu donner à l'homme l'illusion de son invincibilité face à la maladie. La pandémie de l'année 2020 est venue apporter un démenti tragique. L'histoire atteste que dans le passé les épidémies ont tué plus d'êtres humains que les guerres, telles la peste noire qui décima près de la moitié de la population européenne entre 1347 et 1352, la Grande peste de Londres en 1665-1666 ou encore celle de Marseille en 1720 ou, plus près de nous, la grippe espagnole de 1918-1919.

Rappelons nous aussi la grande épidémie de choléra de 1832 qui sévit particulièrement à Paris, y faisant 18.500 morts. L'événement a marqué les contemporains et la littérature de l'époque s'en est fait l'écho.

George Sand, qui séjournait alors quai Saint-Michel, en a parlé dans son Histoire de ma vie : « Le choléra enveloppa les premiers les quartiers qui nous entouraient. Il approcha rapidement, il monta, d'étage en étage, la maison que nous habitions. Il y emporta six personnes et s'arrêta à la porte de notre mansarde, comme s'il eût dédaigné une si chétive proie ». Elle fut également témoin de l'émeute qui accompagna le cortège funèbre du général Lamarque, ancien officier de l'Empire très populaire auprès des opposants à Louis-Philippe, emporté par l'épidémie le 1er juin : « J'étais au jardin du Luxembourg avec Solange [sa fille] … J'entendis battre la charge et, emportant ma fille, je me vis seule de mon sexe avec elle dans cet immense jardin, tandis qu'un cordon de troupes au pas de course traversait d'une grille à l'autre » (IVe partie, chapitre XIV).

Chateaubriand y consacre deux pages dans ses Mémoires d'outre-tombe (livre XXXV, chapitre 15) : « Dans la rue du Cherche-Midi, des fourgons du dépôt d'artillerie [dans les bâtiments de l'ancienne communauté des Filles du Bon-Pasteur, qui seront démolis en 1847 pour céder la place à la prison militaire] faisaient le service des cadavres. Dans la rue de Sèvres, complètement dévastée, surtout d'un côté, les corbillards allaient et venaient de porte en porte ; ils ne pouvaient suffire aux demandes ; on leur criait par les fenêtres : Corbillard, ici ! Le cocher répondait qu'il était chargé et ne pouvait servir tout le monde ».

Moins connu, Louis Cander, alors directeur de la Brigade de sûreté au ministère de l'Intérieur, relate dans ses Mémoires (chapitre LIII), la psychose qui s'était emparée de la population et la chasse aux « prétendus empoisonneurs » qui s'accompagna de violences sur les personnes suspectées, à tort évidemment.

Ce qui est sûr, c'est que, hier comme aujourd'hui, le fléau frappait sans distinction de classe sociale et nombre de personnalités y perdirent la vie. Le premier d'une longue liste, Jean-François Champollion, l'égyptologue déchiffreur des hiéroglyphes égyptiens, mourut dès le 3 mars. Le 13 mai, c'est au tour du naturaliste Georges Cuvier, dans le 12ème arrondissement ancien, suivi trois jours plus tard du président du conseil Casimir Périer, dans le 10ème ancien. Le 17 août est emporté le général Daumesnil, le fameux général Jambe-de-bois ainsi surnommé en raison de la prothèse posée après son amputation à la bataille de Wagram. Le 24 août meurt le physicien Sadi Carnot, fils du grand Lazare Carnot et auteur de la deuxième loi de la thermodynamique, bien connue des spécialistes. À côté d'eux les anonymes tombent aussi. Le journal La Quotidienne en publie régulièrement la liste. Dans le numéro du 21 avril, on peut lire :« M. Colas, libraire, rue Dauphine, est mort hier à 76 ans ». On y relève aussi que « MM. de Saint-Sulpice servent les malades et les convalescents dans leur séminaire ».

Parions sans grand risque de nous tromper que la pandémie actuelle suscitera elle aussi une floraison d’œuvres qui, au-delà de leur valeur de témoignage, constitueront autant de révélateurs précieux de notre époque.

Notre société il y a cent ans et … aujourd'hui

Aucune réunion ne s'est tenue au cours du 2ème trimestre 1920, pour les mêmes raisons qui n'avaient pas permis la reprise des activités de la société à l'automne 1919 ni pendant le 1er trimestre 1920. Rappelons qu'il s'agissait pour l'essentiel des difficultés d'éclairage et de chauffage des locaux.

Cruelle ironie de l'histoire, mais pour des raisons malheureusement plus graves, nous nous trouvons dans la même situation un siècle plus tard, en ce printemps 2020. Le bureau se tient prêt à vous proposer la reprise de nos conférences, visites et promenades dès que les conditions sanitaires et matérielles le permettront. Nous vous le ferons connaître par l’intermédiaire de notre site. Quant au Bulletin, il en est à la relecture des premières épreuves.

Notre arrondissement, il y a ….

deux cent cinquante ans … Le 27 mai 1770 l'ambassadeur de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, le comte de Mercy-Argenteau, donnait en sa résidence du Petit-Luxembourg un dîner d’apparat à l'occasion du mariage du dauphin de France, futur Louis XVI, avec la jeune archiduchesse Marie-Antoinette. Le 29 mai, au même endroit, c'est à un grand bal masqué qu'il conviait six cents invités. Pour accueillir ses hôtes avec le faste qui convenait, il avait chargé un jeune architecte à la mode, Jean-François Chalgrin, qui s'était fait remarquer du comte de Saint-Florentin, secrétaire à la Maison du roi, d'édifier dans les jardins de l'hôtel, un bâtiment éphémère en bois et plâtre, dont la splendeur de la décoration intérieure frappa les contemporains qui eurent la chance d'y pénétrer. Il est piquant de noter que, 40 ans plus tard, le même Chalgrin, devenu incontournable pour l'organisation de manifestations de ce genre, recourut au même artifice pour donner une impression d'achèvement de l'Arc de triomphe de l'Étoile, à peine commencé, à l'occasion du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, la petite-nièce de Marie-Antoinette.

deux cents ans … Le 20 avril 1820, Pierre Foucher, greffier au tribunal, et son épouse, franchissaient le seuil du 18 rue des Petits-Augustins, rebaptisée rue Bonaparte par l'ordonnance du 12 août 1852, et gravissaient l'escalier jusqu'au 3ème étage. Ils venaient demander à Sophie Hugo la main de son fils Victor pour leur fille Adèle. Les jeunes gens, alors respectivement âgés de 18 et 17 ans, se connaissaient depuis l'enfance, ayant habité le même immeuble rue des Feuillantines, s'étaient épris l'un de l'autre, s'étaient déclaré leur amour un an auparavant et correspondaient secrètement. Pierre Foucher était un ami du général Hugo, mais la séparation des époux Hugo avait eu raison de l'amitié des deux ménages, et la demande en mariage, entreprise à la demande instante de la jeune fille à ses parents, se heurta au refus de Mme Hugo. La mort de celle-ci, un an plus tard, lèvera le principal obstacle au mariage qui sera célébré deux ans et demi plus tard en l'église Saint-Sulpice.

deux cents ans encore … Le 3 mai 1820 est posée la première pierre des nouveaux bâtiments de l'École nationale des beaux-arts. Les travaux sont dirigés par l'architecte François Debret, puis par Félix Duban, son élève et beau-frère et ne seront achevés qu'en 1862. Elle acquiert sa physionomie actuelle en 1883 avec l'acquisition de l'hôtel de Chimay sur le quai Malaquais.

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