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SOCIETE HISTORIQUE DU VIe ARRONDISSEMENT

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La Gazette - N° 20 - 2019- 2e trim

La Gazette - N° 20 - 2019- 2e trim

Le billet du trimestre

La Gazette de la Sh6 fête son vingtième numéro !

Se lancer dans la publication d'un journal périodique est toujours une aventure. Le premier numéro se prépare dans l'enthousiasme des premières fois. Le second sort, porté par la dynamique du premier. C'est ensuite que les difficultés apparaissent. Trouver des sujets pour l'éditorial, alimenter de façon pertinente les rubriques, respecter le rythme de parution, voilà autant de défis que les rédacteurs doivent relever dans la durée.
Nous en avions bien conscience en nous y essayant à notre tour il y a sept ans ! Mais nous étions persuadés de l'intérêt d'un vecteur créant un lien régulier avec nos adhérents, dont beaucoup n'ont d'autre rapport avec nous que la lecture du Bulletin de la société… et le paiement de la cotisation. Nous avons relevé, croyons-nous, le défi de la durée. Nous avons tenté, dans nos éditoriaux, de traiter de sujets dans lesquels notre société pouvait se reconnaître. Nous nous sommes efforcés de vous apporter les informations essentielles sur nos projets ou notre actualité. Nous avons eu à cœur d'évoquer, à l'occasion de grandes dates anniversaires, le souvenir des personnages ou des événements qui dans le passé ont fait l'actualité de nos quartiers ou dont le nom leur est associé. Nous avons trouvé intéressant de vous rappeler l'action de nos aînés, qui nous ont légué bien des trésors, à commencer par le Bulletin.
C'est donc avec confiance que nous allons continuer à organiser ce rendez-vous trimestriel avec nos sociétaires, en espérant qu'ils prendront autant de plaisir à parcourir cette gazette que nous à la préparer.

Complainte pour Notre-Dame-de-Paris

PARIS DOUBLE GALÈRE

Depuis le Point-du-Jour jusqu'aux cèdres bibliques
Double galère assise au long du grand bazar,
Et du grand ministère, et du morne alcazar,
Parmi les deuils rivés et les vertus publiques ;

Sous les quatre-vingts rois et les trois Républiques,
Et sous Napoléon, Alexandre et César,
Nos pères ont tenté le centuple hasard,
Fidèlement courbés sur tes rames obliques.

Et nous prenant leur place au même banc de chêne,
Nous ramerons des reins, de la nuque, de l'âme,
Pliés, cassés, meurtris, saignants sous notre chaîne ;

Et nous tiendrons le coup, rivés sur notre rame,
Forçats fils de forçats aux deux rives de Seine,
Galériens couchés aux pieds de Notre-Dame.

Charles PÉGUY, La tapisserie de Notre-Dame

Notre société il y a cent ans

Les réunions mensuelles se sont tenues comme prévu en avril et mai, et chacun s'est donné rendez-vous pour la rentrée. On pouvait penser que, la paix revenue, les choses avaient repris leur cours antérieur. Nous verrons que cela n'a pas été aussi simple.
Parmi les communications faites lors de la séance du 2 mai, Numa Raflin, l'un des deux vice-présidents, apprit à ses collègues que le héros du moment, le président du conseil Georges Clemenceau, le Père la Victoire, avait été dans sa jeunesse un habitant de notre arrondissement : étudiant en médecine, il avait d'abord résidé 17 place de l'École-de-Médecine (on appela ainsi pendant la première moitié du XIXe siècle la partie large de la rue de l'École-de-Médecine), puis 9 rue Saint-Sulpice où il fonda l'Association fraternelle des étudiants en médecine de Paris.

Notre arrondissement, il y a …

… trois cents ans … Le 7 avril 1719 disparaissait Jean-Baptiste de La Salle à l'âge de 68 ans. Né à Reims dans une famille de noblesse de robe, il choisit d'entrer dans les ordres et se forme à Paris, à la Sorbonne et au séminaire de Saint-Sulpice créé quelques années plus tôt par Jean-Jacques Olier, le curé de la paroisse Saint-Sulpice. Très tôt il s'intéresse à l'instruction des enfants pauvres et fonde en 1684 la Congrégation des Frères des Écoles chrétiennes, tout en veillant à la formation de maîtres qualifiés. En 1688 il ouvre sa première école dans notre 6e arrondissement, 12 rue Princesse. Son œuvre lui survivra avec l'Institut des Frères des Écoles chrétiennes, avec néanmoins deux interruptions, l'une le 17 août 1792 suite à un décret de l'Assemblée législative qui estima « qu'un État vraiment libre ne doit souffrir aucune corporation, pas même celles qui, vouées à l'enseignement public, ont bien mérité de la patrie », puis en 1904 en application de la loi du 5 juillet qui interdit aux congrégations religieuses le droit d'enseigner. Actuellement la maison-mère de la Congrégation se situe 78 rue de Sèvres, dans le 7e arrondissement. Jean-Baptiste de La Salle a été canonisé par le pape Léon XIII le 24 mai 1900. En 1951 on a débaptisé à son profit l'ancienne rue de la Barouillère qui relie la rue de Sèvres à la rue du Cherche-Midi, dans notre 6e arrondissement.

… trois cents ans encore ... Le 15 avril 1719 s'éteignait à la Maison royale de Saint-Louis de Saint-Cyr, qu'elle avait fondée en 1686, Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon et épouse morganatique de Louis XIV après en avoir été la maîtresse. Ce qui lui vaut d'apparaître dans cette rubrique est un épisode méconnu de sa liaison avec le Roi-Soleil. En 1669, puis à nouveau en 1670, elle accouche de deux garçons que Louis XIV n'est pas encore prêt à reconnaître. Ils sont confiés aux soins de deux nourrices. À la naissance du troisième en 1672 elle décide de les regrouper et de les confier aux soins de Mme Scarron, veuve du poète libertin Scarron, qui, après une vie un peu légère, a su se créer une réputation de femme vertueuse et gagner sa confiance. Elle fait louer à cet effet une maison rue de Vaugirard, dans un secteur alors bien isolé où l'on trouvait surtout des couvents et des jardins. Elle se situait à l'emplacement du n° actuel 114 bis. Son souvenir y est rappelé par une impasse créée en 1931, appelée « allée Maintenon », comme en témoigne la plaque émaillée posée au dessus de la porte cochère au pied de l'immeuble. (Pour plus de détails, se reporter à l'article Rue de Vaugirard, la mystérieuse demeure de Mme Scarron, publié dans le Bulletin de la société… n° 27 Nouvelle série – Année 2014).

… deux cents ans … Le 6 juillet 1819 mourait tragiquement Sophie Blanchart, première femme « aérostière » de l'histoire et veuve de Jean-Pierre Blanchart, lui-même pionnier des vols en ballon. Elle devait tirer un feu d'artifice du haut de son engin volant, mais une erreur de manipulation envoya la fusée dans l'orifice d'alimentation en gaz hydrogène. Le ballon prit feu et alla s'écraser. Ils s'étaient installés au n° 20 de la rue Cassette (le n° 8 actuel), dans les murs de l'ancien monastère des Bénédictines du Saint-Sacrement vidé de ses occupantes au début de la Révolution (voir l'article 10 rue Cassette, d'un monastère à un hôtel, publié dans le Bulletin de la société… n° 26 Nouvelle série – Année 2013).

… cent cinquante ans … En 1869 les catholiques du monde entier célébraient le jubilé de prêtrise du pape Pie IX. À Saint-Sulpice le curé André-Jean-Marie Hamon organisa le 11 avril une cérémonie grandiose. Dans son homélie il associa habilement la grandeur de la papauté en tant qu'institution et celle du pape lui-même en tant que personne. Le nonce apostolique, qui était présent, apprécia assez l'allocution pour que le souverain pontife daigne en remercier son auteur par un bref daté du 2 septembre.

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