N° 5 - 2014- 4e trim
Le billet du trimestre
Les plaques commémoratives, fragments d’histoires
Qui ne s'est arrêté, un jour ou l'autre, au pied d'un immeuble pour déchiffrer la plaque que le regard avait aperçue sur la façade ? En marbre le plus souvent, parfois en bronze, de dimensions et de formats très variés, les plaques commémoratives inscrivent édifices et monuments de Paris dans des fragments d’histoires singulières. Elles remémorent le séjour d’hommes illustres, signalent le lieu d’événements notables, rappellent la place d’édifices remarquables disparus et, pour peu qu’ils éveillent nos souvenirs, les rendent plus proches. S’ils n’évoquent rien pour la plupart, du moins ils piquent la curiosité de certains et les incitent à en savoir plus. Mais dans tous les cas, une plaque rappelle un moment d'histoire, grande ou petite, et mérite à ce titre qu'on s'y intéresse.
L'initiative de la pose d'une plaque peut venir d'une autorité publique qui tient à honorer de façon durable un homme ou un lieu. Elle peut aussi résulter d'une démarche privée de fidèles qui veulent au delà de leur propre ferveur témoigner à travers le temps de leur fidélité et admiration pour un homme et son oeuvre, Cette forme de sacralisation est, comme pour les « canonisations », caractérisée par un processus complexe de demandes d'autorisations (municipalité, monuments historiques, propriétaires) parfois difficiles à obtenir, qui exige patience et ténacité. L’inauguration fait l'objet d'une cérémonie où se pressent officiels et personnalités.
Profitons du hasard de nos flâneries ou de nos promenades pour lever les yeux vers ces témoins discrets mais pérennes de l’histoire de notre ville.
En bref ....
Assemblée générale annuelle
L'assemblée générale annuelle, tenue le jeudi 22 mai dernier, a approuvé le rapport moral du
président et celui du trésorier et élu deux nouveaux administrateurs, Madame Catherine Gros et M. Bernard
Guttinger. Le montant de la cotisation pour 2015 reste inchangé (32 euros pour une personne et 48 euros pour
un couple).
Réseaux sociaux
Notre société est désormais présente sur les réseaux sociaux. Tweeter, pour diffuser régulièrement son actualité à ceux qui se sont « abonnés ». Facebook, pour faire connaître son fonds documentaire. Avec son site internet, elle dispose des moyens de communication électroniques actuels.
Chaque membre peut ouvrir un compte personnel Tweeter et un compte Facebook qui lui permettront de bénéficier respectivement des actualités et des documents de nos deux sites.
Notre compte Tweeter : @HistoParis6
Notre page Facebook : Société historique du 6ème arrondissement de Paris
Notre société, il y a cent ans ....
Le 3 août la France a commémoré le centenaire de la déclaration de guerre par l'Allemagne. Notre société, à l’automne 1914, ne reprit pas les réunions des comités prévues avant l’été. Il fallait faire face à d’autres urgences, « la municipalité n'avait pas trop de tous les locaux de la mairie pour abriter les divers services nés des événements ». Il faudra attendre le mois de juin 1915 pour qu'un conseil d'administration se tienne et arrête les comptes de l'exercice 1914 (source : Bulletin XXVII de la Société historique du VIe arrondissement, pages 21-22).
Notre arrondissement, il y a ....
trois cents ans .... : le 18 décembre 1714 le cardinal-duc César d'Estrées, neveu de la belle Gabrielle, était inhumé dans l'église Saint-Germain-des-Prés dont il était l'abbé. Il avait été élu à l'Académie française en 1658, âgé de trente ans. C'est lui qui avait financé la réalisation des deux Sphères de Coronelli, globes terrestre et céleste de grande dimension, sur le modèle de celles qu'il avait admirées à Rome où il était ambassadeur de Louis XIV auprès du Saint-Siège. Il les offrit au roi. Après bien des pérégrinations, elles sont exposées à la Bibliothèque nationale de France depuis 2006.
cent ans .... : le 5 septembre 1914, Charles Péguy tombait au champ d'honneur, tué d'une balle
en plein front, au Plessis-l'Evêque, près de Meaux, à la veille de la première bataille de la Marne. Son
nom a été donné en 1926 à une petite rue de notre arrondissement, à l'ombre du clocher de l'église NotreDame-des-Champs,
précédemment appelée rue Nouvelle-Stanislas.
cent ans .... : notre arrondissement se mobilisait pour apporter sa contribution à l'effort de guerre, dans tous les domaines de la vie courante, ravitaillement, santé, chômage, etc. Les établissements scolaires et les couvents hébergeaient des ambulances : le collège Stanislas, l'institut Désir, l'école Bossuet, les dames de la Visitation et les frères de Saint-Nicolas rue de Vaugirard. L'afflux de populations réfugiées fuyant les zones de combat entraînait l'ouverture de lieux d'hébergement et de distribution de repas, dont la coordination fut centralisée dans une structure appelée Secours de guerre.
Trois restaurants populaires ouvrirent leurs portes : chez les Dames de Saint-Maur rue de l'Abbé-Grégoire, à l'Oasis rue de Sèvres (l'actuelle maison Nicolas Barré), et au Comité de la CGT rue de Nevers. Les dames allèrent elles-mêmes aux Halles, à l'aube, obtenir des dons de légumes frais. L'Union des Femmes de France ouvrit une soupe-cantine 13 rue de l'Odéon, dont les marmites et les ustensiles de cuisine ont été prêtés par le lycée Saint-Louis, puis une autre 18 rue du Luxembourg (l'actuelle rue Guynemer) dans les locaux du Cercle catholique.
Après avoir été dépôt de tableaux, salle de conférence, asile pour les inondés de 1910, casernement en cas de grève, l'ancien séminaire Saint-Sulpice se trouva une nouvelle affectation, l'hébergement des réfugiés : le 13 novembre 1914, on y comptait 1108 personnes !
Le 9 août 1914 fut créé, sous l'impulsion d'artistes américains, une institution originale, L'Appui aux Artistes, aux numéros 1 et 10 rue de la Grande-Chaumière, ayant pour but de venir en aide, pour la durée de la guerre, aux artistes, aux modèles et à leurs familles.
Même le Cinéma Raspail, 91-93 boulevard Raspail, aujourd'hui disparu, servit provisoirement de refuge accueillant les femmes et les enfants, de la mi-août au 15 octobre, jour de sa réouverture comme cinéma.