Le confinement à la campagne d’un habitant du VIe arrondissement.
Le 17 mars, nous prenons en charge un de nos petit-fils, âgé de 4 ans, et allons dans notre village de Picardie non loin de Château-Thierry. Rejoints quelques jours plus tard par ses parents et la petite Ondine nouveau-née, nous nous retrouvons trois générations confinées ensemble pour une durée indéterminée !
C’est cette incertitude qui est la plus contraignante et la plus préoccupante :tous les événements prévus longtemps à l’avance et planifiés avec la famille, les amis ou les collègues sont, un à un, suspendus. Ainsi les vacances et fêtes de Pâques sont annulées, toutes les manifestations prévues jusqu’en juillet reportées à une date ultérieure. Les informations de toute origine sont toujours imprécises, souvent contradictoires et ajoutent encore de l’incertitude.Sans compter cette inquiétude face aux risques d’un virus mal connu et pour lequel il faudra de nombreux mois de recherche pour en venir à bout. Comment ne pas penser aux grandes épidémies à travers les âges dont la grippe espagnole au début du XXe siècle ?
À Château-Thierry, le festival annuel Jean de La Fontaine est annulé ; en 2021, pour le 400° anniversaire de sa naissance, nul doute que le festival jouira d’autant plus d’un lustre particulier.
De nos trois générations, les plus jeunes sont contents de se retrouver en famille, plus présente et disponible ; certes quelques frictions apparaissent mais il est clair que le manque d’école et de copains commence à se faire ressentir. Cette même impression nous provient aussi d’autres petits-enfants résidant à l’étranger dont le père est souvent absent en raison de ses nombreux déplacements professionnels. L’enseignement par ordinateur et la solitude devant un clavier deviennent difficiles.
Pour la génération d’actifs, la généralisation du travail à distance quand cela est possible est une découverte et sans doute une solution à développer dans les années à venir.
Pour les retraités, les activités ne manquent pas... La restriction des déplacements oblige à prévoir les approvisionnements sur une plus longue période et permet de gagner du temps. Seule la fermeture de certains commerces peut compliquer la vie car il manque toujours un outillage ou un matériau pour l’entretien de la maison ou du jardin.
De nombreuses activités peuvent être poursuivies grâce aux moyens de communications actuels. Cette période laisse du temps pour la lecture ou des rangements divers. La messagerie permet de garder des contacts familiaux ou amicaux, après élimination de tous les messages publicitaires et des informations diverses qui se multiplient. Des travaux en cours tels que recherches et rédactions de notices ou d’articles sont possibles avec Internet même si on ne dispose pas de toute sa documentation parisienne.
Ce confinement à la campagne d’une durée non prévue à l’avance et sans retour possible à Paris nous a privés du courrier, ce manque de journaux et de lettres contribue à un certain isolement. Et puis, cette impression inhabituelle, que l’on remarque peut-être plus à la campagne, que tout est arrêté : plus aucun avion, moins de circulation. Seule la nature reprend ses droits.
Pour nous en particulier, engagés dans la rénovation d’un monument historique, la situation actuelle entraîne l’arrêt des entreprises et la suspension des démarches administratives pour des subventions ou des autorisations.
Ces quelques réflexions générales,sans doute partagées par d’autres membres de la Société historique du VIe arrondissement, ne doivent pas faire oublier que de nombreuses personnes ou entreprises sont actuellement en grandes difficultés et que chacun souhaite un retour à une situation plus favorable dans un proche avenir.
Bernard Guttinger