Jules Sandeau, mais encore ... Son nom rappelle vaguement quelque chose, ou plus exactement quelqu'un. Qui ? Mais George Sand, bien sûr ! Et pour cause, puisqu'ils furent amants et écrivirent à quatre mains un premier roman paru en 1831, Rose et Blanche, qu'ils cosignèrent du nom de Jules Sand. Quand ils se séparèrent peu après et que la jeune Aurore Dupin, dame Dudevant, entreprit son œuvre littéraire, elle trouva commode de conserver le pseudonyme de Sand et de lui associer, elle la féministe avant l'heure, le prénom masculin de George. Et, dans ce curieux captage de patronyme, c'est l'emprunteuse qui conduisit le nom à la célébrité.
Alors, en quoi Jules Sandeau intéresse-t-il le 6ème arrondissement de Paris ? Tout simplement parce qu'il y travailla et y résida pendant trente ans et qu'il y mourut. On l'a oublié, car il appartient à cette famille d'écrivains qui connurent le succès et les honneurs dans la 2nde moitié du XIXe siècle avant de rejoindre le purgatoire des lettres.
Né à Aubusson (Creuse) le 19 février 1811, il fut le secrétaire de Balzac pendant près de deux ans, puis publia seize romans de qualité variable. Le premier, Rose et Blanche, fut co-écrit en 1831 avec George Sand et parut sous la signature de Jules Sand. Le plus célèbre, Mademoiselle de la Seiglière, date de 1847 et son adaptation pour le théâtre fut jouée à la Comédie-Française le 4 novembre 1851. Le dernier, La Roche aux Mouettes, paru en 1871, est un curieux ouvrage d'inspiration régionaliste, dont l'action a pour théâtre la station balnéaire du Pouliguen, près de l'estuaire de la Loire, alors en plein essor et dont le quai principal porte aujourd'hui son nom : en choisissant les bains de mer comme sujet de son roman, Jules Sandeau a incontestablement fait œuvre de pionnier. Sa production pour la scène rencontra un franc succès et Le Gendre de Monsieur Poirier, écrit en collaboration avec Émile Augier, fut joué huit cent trois fois à la Comédie-Française.
Portrait de Jules Sandeau, doc. Christian Chevalier.
Sa notoriété était telle qu'il fut élu en 1858 à l'Académie française, au onzième fauteuil, celui qu'occuperont un siècle plus tard l'avocat Maurice Garçon, l'écrivain Paul Morand ou l'homme politique Alain Peyrefitte. Elle explique aussi que son nom ait été donné à une avenue du 16ème arrondissement de Paris, tout comme son complice en écriture Émile Augier ou encore François Ponsard et Octave Feuillet, eux aussi bien oubliés.
Caricature de Nadar 1. Doc. SH6
Dès 1853 il avait été nommé conservateur de la bibliothèque Mazarine, poste qu'il occupa pendant trente ans et qui lui valut un logement de fonction dans les locaux de l'Institut de France, 1 rue de Seine, où il mourut le 24 avril 1883.
JpD
Caricature de Nadar 2. Doc SH6
À consulter : Bulletin de la Société historique du VIe arrondissement, Nouvelle série n° 11 – Année 1983-1984, pages 7-20, Jules Sandeau, du Berry à l'Académie, par Jean-Pierre Leduc-Adine.