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Fantin-Latour, les domiciles dans le 6eme

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LES DOMICILES DE FANTIN-LATOUR

 

Le peintre Fantin-Latour est mort le 25 août 1904 à Buré (Orne) où il possédait une propriété. Il habitait à Paris, depuis de longues années, 8, rue des Beaux-arts.

Fantin-Latour restera comme un des plus parfaits artistes qu'ait produit l`école française. Il comptera aussi parmi les plus originaux. Cet homme qui avait reçu au début de sa carrière, de son père d`abord, de Lecoq de Boisbaudran ensuite, une forte éducation artistique, et qui ne cessa jamais de fréquenter les musées; qui s`entourait chez lui de copies et de photographies de ses maîtres préférés, était cependant le plus libre des artistes. Il avait créé sa technique et la façon de poser un personnage dans ses admirables portraits, d`exprimer le charme d'un bouquet de fleur, de retracer un épisode pris à quelque drame lyrique de ses auteurs préférés : Wagner, Berlioz, Brahms, Schumann, n`appartenait qu`à lui.

Artiste passionné et libre esprit, le succès n’a pas modifié la droiture de sa vie. Il a exclusivement travaillé jusqu`au dernier jour dans le petit atelier où il s'était installé jadis pauvre et méconnu. Plus d`un élève de l’Ecole des Beaux-arts trouverait indigne de son talent problématique, l'atelier bas, étroit, pas très bien éclairé, où Fantin-Latour a peint ses chefs-d`œuvre.

Point de sonnette, ni de valet de chambre. On frappait « fort ››, sur la recommandation du concierge, et Fantin-Latour une large palette ovale en bois blanc passée au pouce, une visière de carton au-dessus des yeux, venait lui-même ouvrir au visiteur, l’introduisait dans un atelier sans bibelots et dont les murs étaient garnis de copies d`après Véronèse, Tintoret, Delacroix et Watteau. Il y avait notamment une interprétation de l’Embarquement pour Cythère, inoubliable. Ça et là, aussi, des toiles ébauchées.


Domiciles fantin-Latour paris 8 rue des beaux-arts

 
Lorsque le visiteur était un ami, le large visage aux yeux vifs de Fantin-Latour s'épanouissait, et la conversation allait exquise et mordante, Fantin-Latour méprisait les faiseurs.

Ce n'est point hasard si Fantin-Latour s'était installé au cœur du VIe arrondissement. Venu très jeune à Paris, c`est dans le VIe arrondissement qu’il avait été élevé. Il en aimait aussi les vieilles rues pittoresques et tranquilles. « Que de fois passant rue Guisarde, j'ai pensé à Chardin ! ››, disait-il. Il était aussi l`un des assidus du Luxembourg et des Galeries de l`Odéon. J’imagine également que cet amateur de musées, que ce fervent de Véronèse et de Delacroix était heureux d`être à deux pas du Louvre où trônait Véronèse, et à quelques mètres du Luxembourg ou resplendissaient, lorsqu`il vint s'installer rue des Beaux-arts, Ingres et Delacroix.
 

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L'atelier de Fantin-Latour, doc. Christian Chevalier.

Né à Grenoble le 14 janvier 1836, Fantin-Latour est à Paris en 1841. Son père, le peintre Théodore Fantin-Latour, habite alors, de 1841 à 1858, le n° 1 de la rue du Dragon. Dans le courant de 1858 la famille Fantin-Latour s'installe pendant trois mois, 11, rue de Sèvres, puis va habiter, de 1858 à 1861, 31, rue de Beaune.

Fantin-Latour sans quitter complètement, sa famille, loue une chambre de garçon, 15, rue Férou. C'est là que le 20 décembre 1859, par un soir de grand froid, vint le visiter son ami Wisthler qui, trouvant Fantin coiffé d'un haut de forme, couché et emmitouflé afin de pouvoir dessiner à la lampe sans allumer de feu, fit, d’après lui, le curieux croquis que l’on a pu voir récemment lors l'exposition Wisthler à l’Ecole des Beaux-arts. On lit sous le dessin, de la main de Wisthler : « Fantin au lit. La poursuite de ses études sous les difficultés : 14 degrés ››.

De 1861 à 1865, Fantin-Latour habite avec ses parents, rue Saint-Lazare, 79, où il occupe un atelier qui lui est commun avec son père. Son célèbre tableau, Hommage à Delacroix, y fut peint. De 1865 à 1866 la famille s’installe rue de Londres, 13. En 1868 Fantin-Latour revient sur la rive-gauche pour ne plus la quitter. Il loue, au n° 8 de la rue des Beaux-arts, l'atelier qu’il gardera jusqu’a la fin de sa vie, et sa famille s'installe peu après, en 1869, 11, rue des Saints-Pères, puis de 1870 à 1876, 82, rue Bonaparte. En 1876, Fantin-Latour se marie et loue un appartement dans la maison où se trouve déjà son atelier.

C’est l’époque du grand labeur. Les chefs-d`œuvre succèdent aux chefs-d’œuvre. La fortune, la renommée, la gloire viennent, et Fantin-Latour reste simple et droit, enthousiaste pour ce qui est beau et sincère. D’autres, grisés par le succès, émigrent. Fantin-Latour reste fidèle au quartier tranquille, à la rue-calme qui séduisirent ses jeunes années.

L`atelier n'a pas changé depuis le départ du peintre. La compagne de sa vie classe pieusement les témoignages du labeur de celui qui n`est pas entièrement disparu. Tant de choses rappellent sa présence dans le petit atelier !

Tiré de l'article « Les domiciles de Fantin-Latour » écrit par Charles Saunier, dans le bulletin VIII - Année 1905 T. I

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