Eugène Delacroix, une lettre autographe ...

La Société historique du 6e détient quelques document qui en font état, notamment une invitation du peintre à venir contempler son travail tout juste terminé (bien que non datée de son année, le Samedi 3 Août nous indique qu’il s’agit certainement de l’année 1850).

Une de ses lettres autographes également dans le fonds documentaire de la Société historique du 6e, est datée de 1861, vers la fin de sa vie, envoyée depuis sa maison de campagne de Champrosay : elle éclaire bien, dix ans après, sur les difficultés énormes auxquelles il a du faire face pendant les travaux dans "sa" chapelle, sur la fatigue qu’ils lui ont causé, et sur le dépit de l’artiste de ne pas voir son œuvre appréciée à sa juste valeur par ses contemporains. Elle est adressée à une dame, également « un peintre » (nous citons), que nous n’avons pas encore identifiée ; son fils était photographe et avait proposé à Delacroix de photographier ses tableaux, offre déclinée par ce dernier par manque de fonds.

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Madame,

Je ne reçois qu’ici et au retour d’un petit voyage, votre précieuse lettre ; vous me parlez de l’impression que vous ont faites mes peintures et vous jugez si je suis heureux de votre suffrage. J’ai souvent pris la liberté de vous dire que vous étiez un peintre de grand talent : mais tout le monde vous a dit que vous aviez le goût le plus fin et le plus délicat : je suis donc certain de ne pas m’être trompé. Vous me parlez de la facilité qu’on aura à voir les peintures à cause de leur place dans une église : je pense comme vous qu’il est bien dur de s’épuiser pour des travaux qui ne sont vus que par quelques garçons de bureaux et je n’en entreprendrai jamais de pareils.

Malheureusement les mécènes du moment ne comptent guère avec les prédilections des artistes et la preuve de leur profonde indifférence c’est que malgré mes invitations je n’ai vu aucun de ces gens là à ma chapelle, préfets, ministres etc. Au reste la fatigue de ces travaux et n’en n’est pas le moindre inconvénient.

J’apprends aussi que votre fils a eu l’aimable idée de faire photographier mes tableaux : cela me prouve bien l’intérêt pour lequel vous et lui les avez vus ; malheureusement le défaut de rentrée rend cette opération bien difficile et je ne regrette vivement : c’était un moyen d’avoir une reproduction exacte des compositions.

Je vous renouvelle bien respectueusement Madame, l’assurance de ma reconnaissance pout tout le plaisir que m’a causé votre souvenir.

E DELACROIX
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On ne peut que recommander la visite de cette chapelle dont les œuvres viennent d’être brillamment rénovées, dans l’église Saint Sulpice, immédiatement à droite en entrant, et celle du Musée Delacroix et son admirable jardin situé au 6, rue de Furstenberg, qui renouvelle très régulièrement ses accrochages avec talent.