L'Académie nationale de médecine - Une institution bien ancrée dans le 6ème arrondissement
L'Académie nationale de médecine fut créée par l'ordonnance royale du 20 décembre 1820 sous le nom d'Académie royale de médecine. Elle procédait d'un double héritage. D'une part elle se substituait à la Société de l'École de médecine, créée sous le Consulat au sein de la Faculté de médecine, pour reprendre les missions précédemment dévolues à deux institutions de l'Ancien régime, l'Académie royale de chirurgie et la Société royale de médecine, toutes deux dissoutes sous la Révolution par la loi du 20 thermidor an I (8 août 1793). Il lui faudra attendre longtemps avant de trouver un endroit stable où s'installer. Elle siège d'abord dans les locaux de la Faculté de médecine, rue de l'École de médecine.
La Faculté de médecine ayant été fermée à l'automne 1822 à la suite de manifestations étudiantes (qui touchèrent aussi la Sorbonne, l'École de droit, l'École normale supérieure), elle se transporte au Louvre le temps de trouver un lieu adapté. Le 21 janvier 1824 elle emménage dans un hôtel au 8, rue de Poitiers, qu'elle doit quitter en 1850, le bail n'étant pas renouvelé. Le gouvernement de la IIe République met à sa disposition la chapelle de l'hôpital de la Charité, rue des Saints-Pères, à titre provisoire.
Plan de l’hôpital de la Charité, rue Jacob et rue des Saints-Pères, gravure Sh6.
La salle des séances, Texier, tableau de Paris, 1852, doc CCh.
L'hôpital a cédé la place à l'actuel bâtiment moderne de la Faculté de médecine, mais la chapelle subsiste, avec sa façade de style classique.
Façade de la chapelle, rue des Saints-Pères, carte postale des années 1900, doc. CCh.
C'est aujourd'hui le siège de l'éparchie (diocèse) Saint-Vladimir-le-Grand de Paris pour les Ukrainiens catholiques de rite byzantin résidant en France et, à ce titre, elle a été élevée au rang de cathédrale (1).
La cathédrale Saint-Vladimir-le-Grand, rue des Saints-Pères, photo CCh.
Un provisoire qui durera … cinquante deux ans, bien que son bibliothécaire ait décrit l'endroit comme « un local absolument insuffisant, inadapté, défectueux, malsain et menaçant ruine ». La description est sans doute exagérée, mais les inconvénients de l'endroit sont suffisamment sérieux pour que, dès 1867, on envisage un hébergement plus satisfaisant. On croit avoir trouvé un emplacement avenue de l'Observatoire, sur un terrain acheté par l'État ; des plans sont proposés, discutés, rejetés. À chaque changement de ministère, et ils sont nombreux à la fin du 19ème siècle, le projet est repris, puis abandonné.
Il faut attendre 1892 pour qu'une solution apparaisse et c'est finalement au 16, rue Bonaparte, que l'Académie peut faire construire le bâtiment actuel sur les plans de l'architecte Justin Rochet, ancien élève de l'École nationale des beaux-arts et architecte de l'administration générale de l'Assistance publique à laquelle appartient le terrain.
Plans de l’Académie de Médecine de la rue Bonaparte, Justin Rochet architecte, doc CCh.
Les travaux commencent le 25 avril 1899 et durent plus de trois ans. L'inauguration a lieu le 25 novembre 1902, en présence du président le la République Émile Loubet.
L’Académie de médecine, rue Bonaparte vers 1905, doc. Sh6.
Nota : pour plus de détails on pourra consulter l'article de Monique Chapuis, bibliothécaire adjointe de l'Académie et membre de notre Société, paru dans le bulletin Nouvelle série N° 11 – Années 1983-1984.
JPD
(1) Voir Bulletin Nouvelle série N° 29 – Année 2016, L'Église gréco-ukrainienne, Église millénaire des confins de l'Europe au cœur de Paris, Mgr Borys GUDZIAK.