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Premier procès du capitaine Dreyfus

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Décembre 1894

LE PREMIER PROCES DU CAPITAINE DREYFUS

 

Ce que l'histoire a retenu sous l'appellation d'affaire Dreyfus a profondément divisé le pays à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, brisant l'harmonie dans les familles et nourrissant violence et haine dans les milieux politiques. Le J'accuse d'Émile Zola dans le quotidien L'Aurore est dans toutes les mémoires. Convaincu, à tort, d'espionnage au profit de l'Allemagne, le capitaine Alfred Dreyfus passa deux fois en conseil de guerre et fut condamné deux fois, même si la seconde fois il bénéficia aussitôt de la grâce présidentielle avant que, sept ans plus tard, la Cour de cassation casse le second jugement et le déclare innocent.

Le 6ème arrondissement fut à un double titre le théâtre du premier procès.

L'affaire commence en septembre 1894 quand le contre-espionnage français intercepte un document manuscrit établissant que des informations secrètes sont transmises à l'ambassade d'Allemagne. L'écriture ressemble à celle du capitaine Dreyfus, attaché au ministère de la Guerre. L'état-major est dans l'ensemble antisémite et Dreyfus est juif, ce qui en fait un coupable idéal. Le 15 octobre il est arrêté et incarcéré à la prison militaire du Cherche-Midi,au n° 38 de la rue du Cherche-Midi, édifiée en 1853 à la place d'un ancien monastère (1) qui, depuis la Révolution, était attribué au ministère de la Guerre pour servir d'entrepôt de subsistances et d'uniformes.

 

Rue du Cherche Midi 400 Conseil de Guerre  

Rue du Cherche Midi 400 prison B
 La prison militaire du Cherche-Midi, au 38. Photo Sh6


Le choix du lieu comme prison militaire ne doit rien au hasard. Juste en face, au n° 37 de la rue du Cherche-Midi, à l'angle avec la rue du Regard, s'élève alors le grand hôtel de Verrue, du nom de la riche comtesse qui le fit construire au début du 18ème siècle. Déclaré bien national sous la Révolution, il devient en 1801 le siège du Conseil de guerre, tribunal chargé de juger les crimes et délits militaires. Loger les accusés dans la prison de l'autre côté de la rue est donc très commode.

Dreyfus est incarcéré le 15 octobre 1894. Le procès s'ouvre le 19 décembre. S'il a fallu plus de deux mois pour instruite le dossier, trois jours vont suffire pour convaincre l'accusé d'intelligence avec une puissance étrangère et le condamner à la peine maximale prévue pour ce crime, c'est-à-dire le bagne, assortie de la dégradation militaire. Après avoir été dégradé le 5 janvier 1895 dans la cour d'honneur de l'École militaire, Dreyfus quitte le 17 janvier la prison militaire du Cherche-Midi pour le bagne de l'île d'Yeu, avant d'embarquer le 21 février pour la Guyane. Il sera resté trois mois à la prison du Cherche-Midi

Transformée en 1947 en maison d'arrêt, elle est fermée en 1950. Sans affectation nouvelle, les bâtiment se délabrent au fil du temps, mais il faut attendre 1966 pour qu'ils soient démolis, laissant la place en 1970 à la Maison des sciences de l'homme, laquelle sera rejointe en 1976 par l'École des hautes études en sciences sociales. L'édifice a été récemment rénové. Quant à l'hôtel de Verrue, il sera lui aussi démoli, mais beaucoup plus tôt, dès 1907, lors du percement du boulevard Raspail. À son emplacement a été édifié le bâtiment de pierre et brique longtemps occupé par l'administration des télécommunications et sur le portail duquel on peut toujours voir un mascaron représentant une tête de femme avec la légende J'écoute, dont on peut se dire qu'elle aurait fort bien pu convenir au défunt Conseil de guerre interrogeant les accusés déférés devant lui.

JpD

1 : Il s'agissait de la congrégation des Filles du Bon Pasteur. Construits en 1688, les bâtiments avaient déjà été considérablement amputés à la fin du 19ème siècle par le percement du boulevard Raspail.

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