par Catherine Prade, conservateur honoraire du musée national des Prisons.
Sous l’Ancien Régime, Paris ne compta jamais moins d’une dizaine de prisons intra-muros, civiles ou militaires, sans compter les maisons de force privées, où l’on distinguait les détenus selon qu’ils étaient argentés et bénéficiaient de la pistole, et les « pailleux » totalement démunis vivant sur la paille des cachots et nourris au « pain du roi ». La Révolution marqua à Paris la « résistible » envolée tant du nombre de prisonniers que du nombre de prisons : 1 400 personnes périrent dans les massacres de septembre 1792 ; à la prison de l’Abbaye, 240 personnes furent massacrées, 160 au couvent des Carmes ; en juin 1793, le palais du Luxembourg devint à son tour une prison ; en mars 1794 le nombre des détenus s’éleva à 4 800, au gré des lois qui marquèrent la Terreur. En l’an IV, différents rapports soulignèrent l’insalubrité totale des prisons, que les philanthropes de la Restauration se sont en vain efforcés de combattre.